5. Vientiane, Laos.

Publié le par L'homme qui ne vivait que de mots




Cet aéroport est moins grand que certains cinémas chez nous.

Et tranquille comme un musée vide.

Je trouve tous les douaniers sympas. Souriants.

Faut dire que je le suis aussi.


Très bonne entrée en matière. Vraiment!


« Iona, un immense merci ! J'aime infiniment ce pays. »


« Ah? Plus que le Vietnam? » Et elle rit.


Je n'ai jamais vu aucun rire si fréquemment identique.


« Je préfère le Laos.

Je ne suis pas au Vietnam donc c'est forcément mieux ici. »



Iona voudrait connaître mes projets sur le court terme.

Où je compte me poser?

Comment je compte m'y prendre pour la suite?


« D'abord, j'aimerais bien voir dehors. 

Ensuite...

Je n'y ai pas réfléchi mais, grâce à vous, mon stock de papier est intact.»


« Vous allez à pieds à Vientiane, vous restez sur le site ou vous venez dans mon taxi? »


Devant nous, aussi sympa que les douaniers, un laotien, un carton-taxi à la main.


Mlle A. N............


L'initiale d 'un prénom, suivie du nom entier. Iona s'arrête.


Bien sûr, je note l'incohérence de ce A. comme initiale de Iona. Mais ne dis rien.

Mlle aussi me surprend. Ma perspicacité est au bord du licenciement.


Je mets en pause mes analyses.


Dehors, c'est un sauna.


Le taxi va doucement.

Le ciel est très bas. Pas bleu du tout.

Aucune circulation mais une route droite, et seule, où il a beaucoup plu.


De la musique locale à la radio.

Un bout de Mekong sur la droite.

Et nous voilà déjà en ville.


Il n'y a pas foule dans les rues.

J'ai cru compter plus de temples que d'habitants.


« C'est pas pour jouer les touristes, mais quand même, qu'est ce que ça à l'air paisible pour une capitale! »


« Oui, ça l'est! Mais attention, le tourisme progresse...»


Un palais avec un drapeau. Un virage. L'ambassade américaine.

Et peu après on s'arrête.

Même sans montre, je sais qu'on n'a pas été loin.

5 minutes, tout au plus. On aurait pu le faire à pied.


Le chauffeur nous ouvre la porte.

Tellement sympa que Iona ne le paye pas.

Il ne dit mot. Il consent.

Et attend.

Elle s'en détourne.


Nous somme devant le Centre de langue française.


« Je suis attendue ici.

J'ai bien compris que ton projet consiste à ne rien savoir d'avance, mais bon, si d'aventure ton papier prenait l'eau... »


Après m'avoir tutoyé, elle me tend une carte de visite.


« J'y reste deux semaines.

Ce n'est pas vraiment chez moi mais c'est bien plus accueillant que la rue de Rivoli... »


Son meilleur trait d'humour. Et cette fois elle ne rit pas.

Une toute autre personne. Elle s'en recoiffe en s'éloignant.


« Merci. »


« You're welcome. Et surtout n'hésite pas! »


« J'voulais dire pour l'avion...

le merci. »


Elle se retourne.


« C'est pareil.

Je n'ai pas payé ton billet.»




De la rue d'où l'on est venu, personne.

Alors je prend droit devant.

Le chauffeur me regarde partir.


« Good bye. ».


« ...Au revoir monsieur. »


Après le bonjour de l'aéroport, c'est son quatrième mot français.

 

Je range la carte de visite. Bien décidé à ne pas m'en servir.


En face, au loin, l'arc de Triomphe.

Un remake miniature du notre, mais en gris.

De plus près, il est tout entier en béton.


Les trottoirs sont de meilleures pierres.

Je commence à marcher.


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