11. Iona.

Publié le par L'homme qui ne vivait que de mots



Good morning Vientiane!

Autres menus, autres papiers, et diverses adresses.


Mes deux premières semaines imitaient mes deux premiers jours.


C'était de plus en plus facile.

Parce que je l'ai fait là-bas. Ils le voulaient ici.


J'aurais proposé mes services contre une poignée de kips (la monnaie locale qui vaut rien),

ça n'aurait pas pris pareil.


Mais contre un lit et du riz...

Tout de suite, c'est comme si j'étais gratuit.


Je trouvais les laos marrants.

Ils me trouvaient bizarres.


Aux yeux des backpackers, j'étais un allumé sympa.

Et eux des Bisounours.

Ou des babacools à fleurs.

Voire des junkies, parfois.


Les Bisounours, toujours en couple,

n'ont qu'un ou deux mois de vacances.


L'expérience de leur vie.

Supers potes avec tout le monde.


Le genre Bouddha, en moins profonds, plus bavards.


Les babacools aussi ont du Bouddha en eux.

Mais ils ont l'autisme en moins.


Ca chante. Ca rit. Ca vit.

Ca prête son lit.


Et ça se quitte en sourires.


Les junkies, je ne sais pas.

Eux non plus.


Petits ou grands les voyages...

C'est le temps des rêves d'opium qui régule leurs aller-retours.


Ils se remarquent

moins qu'ils ne partent.



Traduire les menus, les Post-it,

c'est marrant deux minutes. La première fois.

Mais ça ne fait pas voyager.

Tout juste dormir et manger.


Fallait que je voie du pays.

Que je me donne les moyens d'écrire en de meilleurs endroits,

de meilleurs vers.

Pour pousser ailleurs l'aventure.



Mieux qu'une carte de Vientiane. Une carte de visite.


Aucun naufrage sur ma route.

Je n'étais pas à la rue.


Mais après tout, Iona avait bien insisté.

Surtout ne pas hésiter!


Elle devrait partir, bientôt...

Si ça se trouve c'était trop tard.


Et puis je m'étais rendu compte, en traduisant des papiers,

qu'elle avait payé mon visa. Sur le coup je n'avais rien vu.


Voilà, c'est ça... J'avais une dette!

Et fallait que je la revoie.



J'ai sonné elle n'était pas là.

C'est Pierre qui m'a ouvert.

Il m'a remis assez vite. C'est bien, il savait.


Iona partirait le lendemain.

Moi je pouvais rester ici.


Pour l'instant y a la place!”


Un photographe. Un ethnologue. Une architecte.

Cette bonne grosse maison sans portail n'allait pas me déplaire.


Idéal pour écrire. Agréable à vivre.

Rien à traduire.

J'y resterai le nombre de jours suffisant pour trouver la voie de la suite.


Et puis, quand rentrerait Iona,

je tomberais sur mes fesses.


Iona était écrivain.

Elle ne s'appellait pas Iona.

18h de vol durant, elle avait joué avec moi.


La biographie ne valait rien.

Bien entendu.


Dans l'avion elle avait testé, sur elle-même,

les traits d'un prochain personnage.



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