7 mai 2009, Rome et après.



Le séjour italien, s'achève sur de très bonnes touches.

Ce grand appartement d'époque, qui a sollicité des mots pour moderniser son intérieur, laisse sécher son encre peinte. Des lettres noires ou blanches, horizontales ou verticales, se partagent ses grands pans, s'éparpillent en ses pièces, et s'assortissent à ses couleurs d'arrières fonds.

Mes premiers mots se sont posés dans un coin de plafond du salon et les derniers au pas d'une porte.

Giorgia et Francesco, les propriétaires des lieux, m'ont d'abord laissé les mains libres pour soumettre à ma guise les premières idées d'agencement sur la mise en espace des écritures.
Par la suite, ils envisagent d'utiliser l'endroit dans le cadre de rencontres et d'hébergements temporaires destinés à leur réseau d'artistes et gens de lettres.

Les difficultés principales à l'abord de ce projet étaient en premier lieu le choix des langues et le poids non négligeable de ma responsabilité, compte tenu du standing et du montant du service.

Ensuite, les divergences de goûts entre Giorgia et Francesco.

Lui, en grand amateur d'art moderne, insistait sur l'aspect visuel, décoratif. Il voulait voir s'harmoniser le langage sous toutes ses formes typographiques.
Elle, plus sensible à la danse des mots autour du sens de leurs phrases et aux images poétiques, attendait de belles tournures pour donner une parole aux murs.

Mais l'un comme l'autre avait la fâcheuse habitude d'appuyer sournoisement ses souhaits à l'insu de sa moitié. De quoi faire le dilemme entier.

En guise de première approche, je délivrais, pour chaque surface, un brouillon adressé à l'approbation unanime des époux.
Italien, anglais, latin, français, ça et là des bribes d'autres langues ou d'alphabets venus d'ailleurs.
En tout, il aura fallu plus d'un mois où l'essentiel de mon temps s'est appliqué à concevoir la graphie de tournures courtes.

J'ai disposé du lieu pour l'habiter à ma guise tout le temps nécessaire. Pour qu'il imprègne mes brouillons, sans forcer mon inspiration. Entre temps j'ai vu des amis.

J'ai pris plaisir à l'expérience, à créer du sens sous cette forme.
Giorgia et Francesco sont enchantés du résultat.
Qui sait alors si dans quelques années je ne reviendrais pas à Rome mettre à jour le vers et la prose, ou réécrire des papier-peints usés.
Car pour allier la plume, l'utile, l'aventure et l'agréable, il faut avouer que ces murs là ont de l'oseille, et que jamais en huit années ma prose ne s'est si bien vendues.

Quelque part ça efface, sans me le faire oublier, l'échec récemment avéré d'une tentative d'édition pour un petit guide pratique sur les voyages atypiques. Une mini bible de l'errance, vaste condensé d'expériences, de conseils et d'astuces pour sillonner le monde hors de tous ses circuits surfaits, en dépensant le moins possible.
Depuis deux mois en effet, mon interlocuteur ne répond plus et chez Dakota Éditions on ne me connait pas.
En septembre, j'avais reçu une avance en liquide, une autre en février à la remise de mes rédactions sur papier, en tout la moitié du paiement, et puis...

Absence totale de suite.
Me serais-je fait avoir..?

Samedi 9 mai 2009, je m'envole pour Le Caire.
Un point de chute où dormir et, sauf d'y aller, pas le moindre projet là-bas.

Mais verra bien qui s'écrira, qui vivra.
Et qui etc.

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