20. Happy new year

Publié le par L'homme qui ne vivait que de mots






Noël était passé comme une lettre à la Poste.
Un colis vide.
Pas de nouvelle, bonnes nouvelles.

Mouais...
Faudra quand même que je fasse signe.

À mon départ de France, je l'avais brandi haut et fort.
Que l'on ne s'en fasse pas pour moi!

Bien entendu, en élançant le mot voyage, j'en avais tu les conditions.

Je filais au tour du monde. En commençant par le plus loin.
Internet serait rare, précaire, cher, la poste des moins certaines.
Sur le coup, je le pensais.

Bon...C'est promis.
Dés 2002, je rassurerai.


Ce soir, c'était la Full moon party.
Un monument parait-il. Surtout celle du nouvel an.

Jusqu'à présent, aux soirées de Christoper, j'avais entraperçu l'esprit.
Mais dans la forme, juste de pâles copies.
Des meetings faussement privés. 100 personnes tout au plus.

Une semaine plus tôt, la Halfmoon brassait du monde.
Mais sans commune mesure avec les hordes de la pleine lune.

Un après-goût pour les trainards de la dernière.
Pour les nouveaux, un avant-goût, un échauffement seulement.

La Blackmoon, j'en sais rien. J'avais débarqué le lendemain.

Chaque mois, la Full moon attire sur Haad Rin plus de 5000 personnes.
Une rave géante jusqu'à midi le jour d'après.

Pendant que les bars se fendent d'une concurrence sévère, Haad Rin se prépare.
Plus de 15 000 fêtards sont prévus pour ce soir.

Dire que j'étais curieux de voir ça serait un timide euphémisme.

Une telle disproportion. Autant de déraison...
C'est comme autant d'exploits sportifs, en live et sous une grosse lune.


Concrètement, alors?

Un foutoir gigantesque de corps juste remués sur leurs jambes.
Le trou noir des décibels. L'explosion de la lune.
Un bac à sable irréel, plein de jouets anarchiques, délocalisé sur Venus pour 20 000 grands enfants perdus. Hyper actifs à gogo et le cerveau en mode impair.
L'extra bal du film The Beach, en version flipper saoul-titré.
Le pays imaginaire. L'autre côté du miroir.
Et Dj Never-Wonder Land déchaîné sur son mange-disque.
 
Voilà les premières impressions!

Ensuite, c'est l'organisme d'une machine à big-bang.
Le condensé immense du sperme de la Terre, bien décidés à en découdre, techno vrombissante en renfort, avec toute la puissance d'une échographie collective qu'on aurait branché sur ampli.

Pas toute la Terre. Non, bien sûr.
Mais les enfants gâtés de celle qui peuvent sortir le soir, à un jour d'avion de chez soi.

Dés 20h ça cognait déjà.
Si le soleil brillait de basses, celui du Sahara ici n'aurait sans doute pas fait le poids.

Des lampées d'excitation. De l'extase, devançant tous les instants.
Ca fait reluire la peau. Ça remaquille la pupille.
Et ça justifie d'un sourire l'exception généralisée des trivialités tolérées.

Chacun y va de ses meilleurs atours.
Espiègle, vaurien, fripouille, pendard… des épithètes à fleur de peau, incrustés sur bien des visages.

Ça se lâche de tous les côtés, dans la surenchère de l'excès.
Sodom et Gomore, welcome! Ça participe à la transe.

Dépasser les frontières vivantes des berceaux qui tanguent trop droits.
Ici, tout le monde sort de soi.
Le temps d'une nuit des plus longues.
Chacun pourra se voir star, people, pute, scandale...

Aller, pour une fois c'est permis!
Le jeu n'a pas de limite.
L'abandon à la démesure est le plus fort des jets de dés.
Et les abus se font échos.

L'alcool se consomme à la paille, dans des seaux à pâtés de sable.
C'est vodka ou whisky, et mixés au Redbull.
Les doses ne sont pas ménagées.

Aussi ça baise en public. Le sable et le bord de l'eau.
Des performances laborieuses, mais naturalistes avant tout.

Les drogues dures ne se voient pas. Seulement leurs effets.
Pas mal de prostituées alors sont très tôt aux aguets-apens.

Demain, des dizaines d'effondrés du sable auront perdu tout leur cash.

La plage devient un vaste squat où les seaux et les pailles se ramassent à la pelle.
Quelques personnes éparses jouent déjà les cadavres.
Imperturbables.
Comme les multiples dance floors qui crachent tous un son distinct.


À minuit tout le monde est là.
Beaucoup arrivés par bateaux d'îles et de plages voisines.

Plouf. Les pieds dans l'eau et ça y est.
C'est un peu comme atterrir en hélico à Woodstock.
 

A l'heure qu'il faut, les moins bourrés s'embrassent, s'enlacent.
Mais très vite.
Et puis, les célébrations de l'outrance récupèrent leurs étreintes. 

Immortaliser l'agenda.
Convenir à la tradition.
Etre à la hauteur de l'exploit, décadence en grande pompes...

Lorsque des milliers de personnes se donnent, consciemment ou non, en spectacle, ça dépasse toutes les fictions.


Une débauche de passage.
Et puis, tout se dissipera.

Aux premières lueurs du jour, tout est incroyablement clean.
Quelques thaïs bien matinaux, ramassent tout ce qui se recycle.
Sans déranger les comateux.



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A
Bonjour et félicitations, vous entrez dans la grande famille des carnettistes d’Over-Blog, il est super votre blog et c’est avec plaisir que je l’accueille dans la communauté des carnets de voyages que vous pourrez rajouter aux communautés auxquelles vous appartenez, puisque vos articles peuvent intéresser de nombreux internautes, tant par la qualité de vos travaux, que leur variété .<br /> Je vous y souhaite donc la bienvenue et vous félicite pour l’intérêt de votre journal en ligne .<br /> Je ne doute pas que par la constance de vos mises en ligne, que par leur attrait et le bon niveau de vos publications, vous participerez avec succès à la marche en avant de cette communauté dont nous constatons avec plaisir qu’elle est en train de devenir une référence, au-delà même de la plateforme d’Over-Blog .<br /> Alors maintenant à vos stylos, pour nous offrir avec toujours plus de talent votre contribution à la connaissance de la beauté et des richesses sans frontières à travers vos émotions, n'hésitez pas à publier avec nous souvent, et je sais que vos articles seront appréciés des visiteurs de la communauté .<br /> Bien cordialement,<br /> <br /> Alain MARC d'Aquarelle-en-voyage
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L
<br /> Merci pour ce bel enthousiasme qui n'est pas avare du clavier!<br /> Voilà qui n'aura pas tardé, pour ma première contribution.<br /> La suite ne manquera pas et l'aventure continue.<br /> <br /> A très bientôt alors,<br /> autour du monde et aux étendues du stylo.<br /> <br /> <br /> <br />
C
hi hi..<br /> J'avais fait une full moon party l'an dernier. Inoubliable!<br /> A chaque ligne, je reconnais trop bien l'ambiance, haad rin, et j'imagine aussi bien les teufers!!<br /> Vous avez l'art de sacrément bien réstituer tout ça, c'est comme des vacances de vous lire!<br /> <br /> hop hop hop,<br /> hip hip hip.<br /> vivement la suite!!!!
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